Vous êtes peu connue du grand public camerounais. Pouvez-vous vous présenter à notre public ?
Je suis une Franco-camerounaise, fondatrice et présidente de l’association «Second Life». Je suis également responsable à Paris d’un institut capillaire et mammaire pour personnes en chimiothérapie et maladies des cheveux, depuis 10 ans.
Qu’est-ce qui vous a poussée à créer l’association «Second Life» ?
Mon côté humanitaire et social y est pour beaucoup. Pendant des années, j’ai vu des patients de toutes nationalités pour des conseils sur les prothèses, leur bien-être, et parler de tous les problèmes autour de la maladie ainsi que du comportement de leur entourage, un travail psychologique. Et je me suis rendu compte un jour, après le passage d’une patiente camerounaise, que les personnes d’origine africaine en général n’écoutaient pas et posaient difficilement les questions soit par tabou, ou par honte. Malgré le fait que j’y pensais depuis un moment déjà, j’ai fini par prendre le taureau par les cornes afin d’informer, de sensibiliser dans le but de prévenir et de briser tous ces tabous. Le cancer est une maladie qui brise la vie des malades, les pousse vers le fond. Les cancéreux ont besoins de soutien, afin de redonner un sens à leur vie. Car, après la maladie, une nouvelle vie recommence d’où Second Life qui signifie seconde vie.
Est-ce que vous ciblez une couche particulière dans votre campagne de sensibilisation ?
Nous ciblons tout le monde, car la maladie nous concerne tous, de près ou de loin. Néanmoins les pays en voie de développent sont notre cible particulière notamment l’Afrique car, comme je l’ai dit plus haut, les tabous et le déni font partie des m urs de ce continent et il est important de les briser afin que les personnes soient plus ouverts à l’information de sensibilisation. Au Cameroun, où nous nous rendrons au mois de juin prochain, nous souhaitons travailler en synergie avec les grands hôpitaux du pays. La remise de dons pour cancéreux se fera à Yaoundé, mais il concernera les nécessiteux des 10 régions du Cameroun. Après le Cameroun, nous nous rendrons au Gabon, puis au Benin.
En quoi consistent vos campagnes?
Pendant nos ateliers, nous informons, écoutons, orientons les personnes désireuses. Nous utilisons les supports de la Ligue contre le cancer de France et bien d’autres. Nous parlons aussi de la prothèse mammaire externe, échantillons à l’appui, afin de faire comprendre les raisons du port de celle-ci.
Avez-vous des partenaires qui vous accompagnent dans vos différentes actions ?
Pour l’instant non ! Mais nous sommes, bien sûr, à la recherche de partenaires. En attendant, certains accords sont en cours de négociations. Néanmoins nous travaillons déjà avec la Ligue contre le cancer qui fournit toute la documentation. Nous souhaiterions que nos futurs partenaires soient des donateurs (en documentation, prothèses mammaires, poches, cathéters, médicaments etc.). Grâce à tout ce matériel, nous espérons que le public sera plus à l’écoute et plus réceptif. Une fois l’étape de la sensibilisation franchie, selon les cas, nous leur conseillerons de sensibiliser également les uns et les autres à leur tour. Pour ceux dont le dépistage est découvert, nous conseillons de ne pas s’abandonner et, si possible, de suivre les traitements dans la mesure du possible, d’où l’importance des dons que l’association recevra.
Comment vous-y prenez-vous pour attirer le maximum de personnes vers votre association?
En France, nous organisons des soirées, des barbecues, des conférences-débats, participons à des tournois de football. Nous essayons d’être présents lors de manifestations organisées par la diaspora camerounaise et les consulats. Pour ceux des Camerounais du terroir, nous prendrons contact avec les responsables des plus grands hôpitaux du pays et des centres spécialisés, pour qu’ils nous viennent en aide dans le recensement des cancéreux. Nous comptons également sur les médias pour nous accompagner dans ce travail de sensibilisation.
Comment fonctionne votre association ?
Second Life est une association de bénévoles qui fonctionne grâce à vos dons et aux bénéfices de manifestations qu’elle organise, c’est pourquoi nous appelons toutes les âmes bienfaitrices à faire le geste qui sauve.
Quels sont vos objectifs?
Nos objectifs sont vastes. La plus importante est de faire des dons de poches, de prothèses, de médicaments, de cathéters aux malades, faciliter l’accès aux soins avec la création d’une maison médicale à Yaoundé, la ville qui m’a vu naitre. Nous pourrons, en fonction de nos moyens, construire aussi des maisons médicales dans d’autres villes africaines. Prévention, sensibilisation, dépistage encore et toujours. D’où notre devise : « Second Life ensemble pour la lutte contre le cancer. »