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Mâcon : du Cameroun à la France pour se former à la mécanique auto

Cinq jeunes camerounais, encadrés par l’association Afrique éducation et co-développement (Afec), sont arrivés à Mâcon mardi afin de suivre une formation professionnelle automobile. À terme, ils rapporteront leurs connaissances dans leur pays afin de participer à son développement.

 

Ils font partie de la deuxième promotion de l’Association franco-camerounaise Afrique éducation et co-développement (Afec) créée par Anne-Marie Lindou. Ils sont cinq jeunes, deux filles et trois garçons, âgés de 20 à 23 ans, à être arrivés du Cameroun à Mâcon mardi 27 octobre. Tous titulaires au minimum d’un baccalauréat, ils ont été précautionneusement sélectionnés ( lire par ailleurs ) par Anne-Marie Lindou pour venir effectuer en France une formation professionnelle en mécanique automobile sur 5 ans. À terme, ils retourneront dans leur pays afin d’y rapporter ce qu’ils ont appris et ainsi participer à son développement. Ils déclarent à l’unisson vouloir « ouvrir chez eux leur propre garage ».

Deux spécialisations proposées

Attendus dans les établissements le 7 septembre pour leur rentrée scolaire, ce n’est que le 2 novembre qu’ils rejoindront les autres élèves. Une attente due à une obtention tardive des visas. Ils devront tout d’abord passer une année de mise à niveau dans des écoles à Langogne et à Saint-Chély-d’Apcher. Par la suite, ils pourront se spécialiser dans la maintenance des véhicules des particuliers ou bien la maintenance des engins agricoles et des travaux publics. Quatre de ces nouveaux élèves camerounais ont choisi la première option. Ainsi, les jeunes auront des cours au CFA mais passeront aussi beaucoup de temps dans les entreprises qu’ils vont devoir démarcher, comme ont pu le faire leurs six prédécesseurs de la première promotion. « Ça n’a pas été facile de trouver des entreprises, on a dû se battre pendant des mois. Mais on a finalement réussi à signer des contrats d’apprentissage et tout se passe bien », déclare Néhémie, de la première promotion, arrivé en France il y a un peu plus d’un an. Dans cette même promotion, sur les six jeunes camerounais, deux travaillent en Lozère. Preuve qu’ils seront peut-être amenés à travailler dans d’autres départements.

« Un ancrage institutionnel stable »

Ainsi, ce qui n’était au départ qu’un projet prend de l’ampleur et opère même un virage important : « Nous avons obtenu l’accord du ministère français de l’Éducation nationale et de la jeunesse pour la signature d’une convention cadre qui permettra de donner un ancrage institutionnel stable à notre idée pour la jeunesse du Cameroun et de l’Afrique », déclare Anne-Marie Lindou. Une avancée qui fait chaud au cœur pour celle qui se donne corps et âme dans ce programme.

Ça n’a pas été facile de trouver des entreprises, on a dû se battre pendant des mois. Mais on a finalement réussi à signer des contrats d’apprentissage.

Néhémie, de la première promotion, arrivé en  France il y a un peu plus d’un an

Des sélections rondement menées

« Il y a une véritable motivation de la part de ces jeunes », déclare la directrice du CFA, Françoise Mathieu-Humbert. Et c’est bien ce que recherchait Anne-Marie Lindou quand elle a sélectionné ces jeunes parmi 150 candidatures. « Je dois sentir de l’envie, de la passion, qu’il y ait une vraie réflexion derrière. Ce n’est pas juste parce qu’ils aiment la France. Les notes scolaires comptent. Et puis il y a le côté financier qui penche beaucoup dans la balance. Il faut pouvoir débourser environ 12 000 € pour faire partie du programme. » Une somme qui freine instantanément de nombreux candidats car elle est généralement synonyme d’endettement pour les parents. Au total, sur les deux promotions, 11  jeunes ont été choisis. « Leur nombre dépend aussi du nombre de places vacantes dans nos classes », termine la directrice.

 

 

itw : Anne-Marie Lindou, présidente de l’association Afrique Education et Codéveloppement (AFEC).

 

Comment s’est déroulée l’année scolaire des six étudiants accueillis en France en 2019?

 

Je peux vous dire avec beaucoup de fierté que le bilan scolaire des six jeunes camerounais de la première vague que notre jeune association a sélectionnés au Cameroun et accompagnés pour leur formation en maintenance mécanique automobile dans trois établissements techniques professionnels en France dont deux dans la Bourgogne, est très positif. Tous les six jeunes qui étaient inscrits en classe de Première passent en classe de Terminale et ont réussi avec brio leur CAP en mécanique automobile, leur tout premier diplôme français. En gros, les brillants résultats scolaires de ces six jeunes apprenants et leur bonne disposition d’esprit à réussir après tous les énormes sacrifices consentis par leurs familles, sont une œuvre de coaction entre nos divers et multiples soutiens et que notre association pilote avec abnégation, détermination et persévérance. D’ailleurs, la plupart de ces jeunes comptent même parmi les meilleurs de leur classe, notamment les quatre qui ont passé une année d’imprégnation au métier de mécanicien automobile auprès de notre partenaire « Autohaus Volkswagen Cameroon » et qui y ont obtenu leur Certificat de qualification professionnelle.

 

Quelle est la suite pour eux ?

 

Le rectorat de l’académie de Dijon, notre partenaire et tutelle institutionnelle, plus précisément la délégation académique aux formations professionnelles initiales et continues nous a récemment informés, via le proviseur du lycée des métiers de Chalon sur Saône où ont été formés deux de nos six jeunes camerounais, que ces derniers ne seront plus acceptés au sein dudit lycée technique et éventuellement rapatriés au Cameroun, si une convention-cadre n’est pas signée d’ici la rentrée de septembre prochain. Après d’indescriptibles sacrifices financiers de la part de chaque parent (près de 11.000 euros par personne, soit plus de sept millions de F) pour leur formation en France, après d’énormes sacrifices personnels pour structurer et implémenter ce lourd mais exaltant projet éducatif en tant que bénévole en France, après tant d’efforts et de soutiens de la part des deux Etats français et camerounais, ce serait un énorme gâchis de stopper ce formidable projet en si bon chemin, faute de convention-cadre. Face à cette situation dont l’urgence d’une solution avant terme n’est plus à démontrer, notre association continue d’attendre impatiemment le « verdict » du ministère français de l’Education nationale et de la Jeunesse.

 

 

Est-ce à dire que l’aventure s’arrête là pour ce projet ? D’autres jeunes ne seront plus accueillis en France ?

 

D’abord il est judicieux de souligner qu’en un laps de temps, l’AFEC a déjà permis à sept jeunes brillants camerounais au total de se former en mécanique automobile, dans trois spécialités différentes en France. Il est maintenant question de démontrer que notre association qui a pour préfixe « Afrique », ne s’investit pas que pour les jeunes camerounais exclusivement, mais aussi pour d’autres jeunes africains francophones. Nous avons donc pensé étendre notre projet de manière structurée par notre proximité frontalière directe, donc par les pays francophones situés autour du Cameroun, avant de nous lancer plus loin dans d’autres pays d’Afrique francophones dans les années à venir. Nous avons presque bouclé nos sélections au niveau de quelques pays francophones de la CEMAC et avons enclenché déjà les procédures liées à leur arrivée pour la prochaine rentrée scolaire.

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